Se réinventer après la séparation L’équipe type de demain

En 2020, le cabinet de conseil Arnage a été missionné par La Coopération agricole et la FNA pour conduire une étude sur les métiers de demain dans les entreprises, dans une ère post-séparation conseil et vente, marquée par le digital. « L’idée, c’était de voir les impacts de la séparation, et plus généralement de la transformation de l’agriculture », explique Anne Keravel, chef de projet à la direction des études d’Ocapiat. Des TC, DG, ou encore DRH ont été interrogés dans une vingtaine de coops et négoces, ainsi que des partenaires : firme, chambre d’agriculture, CER, CFA, fournisseur de solutions digitales… Pour chaque métier, l’étude a mis en exergue les évolutions à venir. Notamment pour les TC, « qui sont notre cœur de métier, rappelle Marie Vallon, directrice pôle entreprise à la FNA. C’est grâce à cette famille que nos entreprises existent, évoluent et progressent. » Parmi les enseignements de l’enquête, le contexte général, entre mondialisation, baisse des cours et attentes agroécologiques, va entraîner « un besoin pour les agriculteurs de réfléchir au modèle économique de leurs structures ». Une réflexion que le TC va devoir accompagner, en plus de monter en compétence sur la technique et l’agronomie.

Trois typologies de TC

Le cabinet Arnage a envisagé trois typologies de TC. « Des TC plutôt généralistes, qui seront les premiers en front office, comme un ambassadeur de l’offre de services, relate Anne Keravel. Un peu comme un médecin généraliste, qui orientera l’agriculteur. » Les deux autres catégories sont les spécialistes et les experts. Le premier aura un savoir-faire, par exemple sur l’agriculture de précision, et le second la connaissance en plus d’une filière. « L’expert va plus loin. On peut être spécialiste et expert, poursuit Anne Keravel. Chacun à son niveau va venir renforcer le TC généraliste. » Ces expertises peuvent aussi être externalisées. « À voir comment on organise les compétences, mais il faudra qu’elles soient là », indique Anne Keravel. Pour Marie Vallon, « les trois typologies existent aujourd’hui dans les entreprises, mais elles ne sont pas formalisées comme tel ». Reste alors à structurer. Côté coops comme négoces, des parcours de formation sont en construction. Les offres de service devront aussi être repensées. « Elles sont déjà existantes, et foisonnantes, ajoute la chef de projet. Mais elles ne sont pas forcément visibles, ou bien articulées entre elles. » Les outils digitaux pourraient être un bon atout pour les coordonner et leur donner de la visibilité. « Les TC ont des défis très importants, dans un écosystème territorial riche, avec les chambres d’agriculture, les fournisseurs de matériel pour les tracteurs, par exemple… », ajoute Anne Keravel. Partenariats avec eux ou mutualisation entre distributeurs sont à envisager.

Des TAE chez Oxyane

Certaines structures n’ont pas attendu la séparation pour spécialiser des TC. Chez Oxyane, parmi les 105 collaborateurs terrain se trouvent 10 techniciens agro­environnementaux (TAE), aux côtés de 29 TC vigne arboriculture maraîchage, 11 TC productions animales, 53 TC grandes cultures et 2 référents bio. « Les TAE viennent en appui des TC, sur des sujets comme la certification HVE, ou Be Api, explique Julien Chatain, responsable des offres chez Oxyane. Mais l’objectif, c’est bien de faire monter en compétence tous les TC. » En 2018 et 2019, ils ont pu suivre des formations sur l’agroécologie, avec un volet plus général, et des modules sur les couverts et le désherbage mécanique. D’autres formations étaient prévues en 2020, mais la situation a été compliquée par le Covid. Cette orientation n’est pas nouvelle chez Oxyane, elle était déjà engagée chez La Dauphinoise et Terre d’Alliance, explique Julien Chatain. Mais « la fin des 3R et la séparation ont accéléré le phénomène ».